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Entretien avec Géraldine

  • terreseneaux
  • 14 mars
  • 6 min de lecture



Voici une interview de Géraldine, une jeune Française qui a récemment voyagé au Kenya, près du comté de Nyeri !

Plus de 1 000 km à vélo avec un dénivelé positif de 15 000 m !

Géraldine a réalisé la Kenyan Bike Odyssey, un parcours VTT exigeant de 1 000 kilomètres à travers des paysages variés et des réserves naturelles. Avec quatre autres compagnons, elle a relevé le défi en 18 jours, au départ de Nairobi, traversant des plantations de thé, des vallées volcaniques, des réserves naturelles, des lacs et des zones désertiques.

Tout s'est déroulé sans accroc, respectant les étapes prévues et profitant de l'hospitalité des locaux, qui ont souvent accueilli les aventuriers avec des repas chauds et des fruits frais. Des rencontres avec des animaux sauvages ont également eu lieu, notamment des zèbres, des girafes, des antilopes, des buffles et Éléphants. Les rencontres avec les populations locales tout au long du parcours ont toujours été chaleureuses et enrichissantes.

Géraldine gardera de merveilleux souvenirs de ce voyage, notamment les paysages extraordinaires, les rencontres avec les animaux sauvages et les moments de bonheur vécus.

Dormir à la belle étoile. Elle recommande vivement cette aventure à ceux qui recherchent une expérience unique et enrichissante, tout en étant bien préparés physiquement et matériellement.


 
 

1/Pouvez vous s’il vous plait vous présenter Géraldine ?

J'ai 39 ans, je suis d'origine française et installée en Belgique depuis 15 ans, souvent amenée à me déplacer à travers l'Europe pour développer mes projets dans les arts visuels et le cinéma documentaire. 

Lorsque je ne suis pas à l'atelier, au cinéma ou dans un musée, celles et ceux qui me connaissent savent qu'ils me trouveront sur mon vélo. La pratique du vélo a été une révélation, il y a quelques années, en commençant à me déplacer en ville pour les trajets quotidiens et trouvant tout à fait magique de pouvoir, plus vite qu'une voiture ou un tramway, rejoindre ma destination, tout cela avec comme seul carburant l'énergie produite par le corps. C'est alors de nouvelles perceptions qui se sont imposées, des envies de voyager en vélo, d'embrasser le monde, de faire corps avec l'environnement. Le vélo comme moyen de déplacement, comme outil politique, comme moyen d'observation, comme source de plaisir, de liberté et d'inspiration (dès que je pédale, je commence une forme de méditation). 

 

2/ Quel a été le projet au Kenya?

Naturellement, quand on commence à voyager en vélo, on rencontre une communauté d'autres passionnés. C'est un domaine où les échanges sont importants pour partager des expériences, tracer des itinéraires, rouler avec des personnes d'un niveau similaire etc... C'est ainsi que j'ai intégré une équipe de vélo de route en compétition amateur. Le projet de ce voyage au Kenya s'est fabriqué spontanément, en découvrant qu'un itinéraire avait été tracé et éprouvé par un cycliste voyageur chevronné : La KENYAN BIKE ODYSSEE. C'est un parcours exigeant, une boucle de 1000 kilomètres sur des chemins VTT, avec un dénivelé positif de 15000 m. Le défi était lancé, nous avons pris le départ de Nairobi le 1er janvier et avons effectué la boucle en 18 jours. 

Nous étions 5 cyclistes femmes, dotées de bons VTT, tentes et sacs de couchage, kit de réparation pour les vélos (au bout du 3e jour, nous avons dû recoudre un pneu, au bout du 6e jour, passer un nouveau câble de dérailleur et détordre une dent de pédalier...) et un kit de soin d'urgence qui par chance a été ouvert moins souvent que le kit de réparation vélo. L'ensemble pesait vingt kilos environ, avec le matériel indispensable à notre autonomie, sans compromettre une certaine légèreté nécessaire à garder une bon rythme et grimper les pentes raides.

Le parcours prenait source à Nairobi, passait à travers les plantations de thé, véritables spectacles de verdure, Limuru et la vallée du Rift, parcourant une zone volcanique pour atteindre la première réserve naturelle du parcours, où nous avons pu observer de très près (trop parfois?) les zèbres, girafes, antilopes, buffles, gnous. La route menait ensuite au lac Naivasha, habité par de nombreuses espèces d'oiseaux, des hippopotames et une activité de pêche, puis une traversée de la forêt Eburru pour atteindre Soysambu Conservancy. L'itineraire serpentait entre Kerio et Great Rift Valleys, atteignant une région de lacs, le lac Baringo, puis traversant une zone désertique, chaude, brûlante, aride, extrêmement sèche, un vrai challenge, le Lac Bogoria. Puis c'est un décor époustouflant qui annonçait la fin du parcours, roulant entre les dunes de la région Laikipia, Masai et Samburo Land, le territoire des éléphants... Le Mont Kenya se dessinait à l'horizon, quand nous avons su que nous avions atteint notre objectif de 1000 kilomètres à travers la savane, en arrivant à Nanyuki, où un camping haut standing nous attendait pour fêter les derniers kilomètres.

 

3/ l avez vous réalisé en totalité?

Sans encombre nous avons pu honorer tout le parcours. Parfois, il a fallu faire quelques heures sup' pour couvrir les kilomètres (80 en moyenne avec 1000m de dénivelé) mais nous arrivions toujours avant la nuit. Il fallait installer le campement, principalement dans des zones naturelles qui étaient aménagées pour bivouaquer (avec une citerne ou une bassine d'eau, et régulièrement des sanitaires). Dans certaines régions, nous avons été accueillis par des locaux qui souvent nous proposaient aussi un bon repas chaud avec du riz, du maïs, du haricot rouge, de la viande (pour qui voulait, personnellement je suis vegan) et un petit-déjeuner avec de délicieuses mangues, fruits de la passion, bananes, goyaves, etc... 

L'itinéraire prévoyait de croiser au minimum un village par jour, afin de faire nos réserves en eau potable, en nourriture de manière générale, en biscuits et fruits en particulier qui constituaient souvent notre repas du soir. Dans la plupart des villages, on trouve les Salons. Ce sont des lieux très chaleureux, où on déguste du thé accompagné de mandasi (beignets) et chapati (pains plats) que nous avions pris l'habitude de tremper dans du sucre, comme pour y sentir un petit goût familier de bugnes ou de crêpes, ce qui faisait toujours rire les gens. (Peut-être ont-ils essayé après notre départ...?) Ces endroits, dont les murs et le mobilier étaient soigneusement peints en nuances de bleu, étaient le lieu de repos et de rencontre des gens qui marchaient d'un village à un autre pour multiples raisons. Parfois, nous parlions de nos voyages respectifs. La curiosité était réciproque.

4/Quels souvenirs en  garderez vous?

Entre ces villages, il n'y avait que des chemins, pas de routes pour voitures, pas d'habitations, une vie sauvage préservée. Des paysages extraordinaires, nous traversions des déserts de terre rouge, l'horizon était toujours dessiné de plusieurs lignes de montagnes, on voyait à perte de vue, on gravissait des pentes raides et redescendions à toute vitesse en slalomant entre les cailloux, soulevant des nuages de poussière. Et puis on ralentissait, car au loin, les zèbres, les singes, les girafes nous repéraient et nous ne voulions pas les faire fuir. En s'approchant à faible allure on pouvait les admirer, avec la même proximité qu'un cheval derrière une clôture. Ici pas de clôture, des animaux libres qu'il faut tenter de comprendre quand on s'en approche, pour savoir si on les dérange ou non, si le regard est curieux ou menaçant, apeuré ou calme. Jamais indifférent : nous étions certainement autant étonnées de voir des girafes, que les girafes voir des animaux sur roues ! On s'arrêtait, on s'observait mutuellement puis on continuait notre chemin. Ces rencontres tenaient presque du rêve, de la magie. C'est la première fois que nous avons eu ce rapport-là aux animaux sauvages, cette observation profonde et cette appréhension aussi... Nous avons connu une situation critique avec des buffles et avons dû adapter notre allure quand nous étions sur le territoire des éléphants. Sur notre chemin, nous nous arrêtions parfois pour évaluer la fraicheur des excréments et savoir ainsi si nous devions redoubler de vigilance, ralentir, changer de chemin. Un groupe de Masai qui nous avait accueilli pour la nuit, nous avait recommandé de ne pas circuler entre 17h et 7h du matin, car c'est le créneau horaire de déplacement des éléphants jusqu'à la rivière. J'ai ressenti qu'ici, la cohabitation avait lieu, pour le respect du vivant. 

Parfois surgissaient des collines, des enfants courant à notre rencontre... Pourtant aucune maison alentour, quelques chèvres à l'ombre d'un arbre. Et puis en regardant au loin, parfois, on voyait ces petites bâtisses aux parois d'argile, intégrées dans le paysage comme tout autre élément naturel. Les couleurs étaient fortes, la terre rouge, le ciel très bleu, les vêtements traditionnels des Masai rouge et vert foncé. 

Dormir dehors et vivre au rythme du soleil, c'est atteindre une forme de plénitude, vivre un cycle complet, être au monde intensément, s'en imprégner et se connecter avec l'animal qui est en nous. J'aime écouter le passage des sons du jour aux sons de la nuit, sentir la brise sur les joues, et puis quand le jour se lève, entendre le paysage sonore changer de tonalité, devenir plus aigu, détaillé et joyeux, les premiers chants d'oiseaux qui effacent les sons parfois terrifiants de la nuit et nous disent le plus beau des Bonjour.

 

5 / Quelles recommandations donneriez vous a celles et ceux qui voudraient tenter l’aventure ?

C'est un voyage extraordinaire, dont je reviens émerveillée, enrichie, complète, (et super entraînée pour le début de saison de cyclisme !!) mais aussi bouleversée. C'est un immense privilège d'avoir pu vivre cette aventure et j'aimerais que tout le monde qui le souhaite puisse en faire l'expérience...

Je ne saurais que recommander cette odyssée kenyane, de préférence en petit groupe, avec un bon niveau d'entraînement et du bon matériel car le parcours est exigeant. (Certaines zones sont éloignées de tout et il faut être en mesure de répondre soi-même aux difficultés rencontrées).







 
 
 

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